- CIXI
- CIXICIXI [TS’EU-HI] (1835-1908) impératrice régente de Chine (1861-1908)Impératrice douairière de Chine, d’origine mandchoue et noble, qui fut introduite à la cour des Qing en 1851, à l’âge de seize ans, au titre de concubine impériale. Le mariage de l’empereur Xianfeng (dont le règne se situe entre 1851 et 1861) avec l’impératrice Ci’an était resté sans enfants. Cixi donna à l’empereur un fils, le futur empereur Tongzhi, ce qui éleva son rang. Après la mort de Xianfeng, les deux douairières Ci’an et Cixi furent déclarées régentes pour le fils mineur. Celui-ci arriva à sa majorité en 1873, mais dès 1875, à l’âge de dix-neuf ans, il mourut de la petite vérole. Cixi obtint du Grand Conseil que Guangxu, un enfant de quatre ans, fils d’un prince impérial et de la sœur de Cixi, fût choisi comme successeur au trône, qu’il occupa de 1875 à 1908. Ce choix était une violation des rites et des coutumes dynastiques: Guangxu appartenait à la même génération que Tongzhi! Les deux douairières furent à nouveau chargées de la régence. Après la mort subite de l’insignifiante Ci’an (1881), Cixi fut seule régente. En 1889, elle se retira au Palais d’Été en espérant que sa nièce, femme du jeune empereur, ferait obéir ce dernier. Guangxu s’engagea néanmoins dans la voie des réformes. Mais le mouvement des «Cent Jours de réformes» (10 juin-20 sept. 1898) fut, après la trahison de Yuan Shikai, noyauté par Cixi et les dignitaires conservateurs. Guangxu fut séquestré sur un îlot du petit lac du parc impérial. Un fils du prince Duan, époux de la fille du second frère de Cixi, fut déclaré héritier de Tongzhi. Mais ce complot échoua par suite des protestations des provinces et des représentants des puissances. Cixi assuma la régence une nouvelle fois (1898-1908) à la place de Guangxu déclaré incapable de gouverner. Elle prêta, avec les Mandchous de la cour, sa confiance aux Boxeurs anti-étrangers dont elle accomplissait les rites, et finit par déclarer la guerre aux puissances le 21 juin 1900. Le siège des légations commença. Le 14 août, jour précédant l’entrée victorieuse des alliés à Pékin, elle s’enfuit, déguisée en paysanne et accompagnée de l’empereur prisonnier, pour arriver enfin avec la cour à Xi’anfu dans l’Ouest lointain. Après des concessions extrêmement coûteuses aux vainqueurs négociées par le plénipotentiaire de l’impératrice, Li Hongzhang (16 janv. et 7 sept. 1900), celle-ci rentra, le 6 janvier 1902, à Pékin. Elle promulga par la suite quelques édits timidement réformateurs. Avant sa disparition, elle nomma Puyi, enfant de trois ans et fils du frère cadet de Guangxu, héritier du trône sous la régence de son père.Son décès le 15 novembre 1908, un jour après la mort de Guangxu, éveilla des soupçons. On se demanda si l’empereur n’avait pas été supprimé parce que la vieille despote, se sentant proche de la mort, ne pouvait supporter que celui-ci, enfin libre, règne selon ses propres convictions. D’autres soupçons du même ordre, entretenus par l’aversion des Chinois contre la domination mandchoue, étaient répandus: l’impératrice aurait favorisé les escapades nocturnes clandestines de Tongzhi, accompagné d’eunuques, aux mauvais lieux de la capitale où il aurait attrapé sa maladie mortelle; elle aurait été responsable du suicide de la veuve de Tongzhi, enceinte deux mois et demi après la mort de l’empereur, son mari; la corégente Ci’an, morte après un seul jour de maladie, aurait en réalité été empoisonnée. D’autres graves reproches furent faits encore à Cixi: on l’accusa d’avoir excessivement favorisé le régime des eunuques avec sa corruption et d’avoir détourné des fonds destinés à la création d’une force navale pour reconstruire le palais d’Été (1886-1891), qui avait été dévasté par les alliés en 1860. Sa vie privée n’était pas non plus au-dessus de tout soupçon. Mais elle sut toujours sauvegarder son autorité en jouant habilement, avec intelligence et ruse, des clans et des personnages qui se disputaient le pouvoir; elle sut également faire reconnaître son autorité par les diplomates des puissances. Cultivée, elle maniait facilement le style officiel documentaire, s’intéressait à la littérature, au théâtre, à la musique et savait peindre.
Encyclopédie Universelle. 2012.